Le retour de Trump : une menace pour les lanceurs et lanceuses d’alerte

Nous vivons une époque critique pour la démocratie, et ce, à l’échelle mondiale. Le retour de Donald Trump aux États-Unis est un signal alarmant pour les droits humains et libertés fondamentales. En 2019, c’était grâce à un lanceur d’alerte que nous avons appris que Trump avait sollicité1 l’ingérence d’un pays étranger dans l’élection présidentielle américaine de 2020. Cette révélation a déclenché sa première procédure de destitution. À cette époque, Trump avait non seulement attaqué la crédibilité de son dénonciateur, qualifiant ses révélations de « mensonges fabriqués par le parti démocrate », mais avait aussi remis en question les protections existantes pour les lanceurs d’alerte. Il avait même qualifié2 d’« espions » ceux qui avaient aidé à révéler les faits, suggérant qu’ils devraient être traités « comme dans le bon vieux temps », tandis que le parti républicain exigeait que l’identité du lanceur d’alerte soit rendue publique. 

Les États-Unis sont pionniers en matière de protection des lanceurs et lanceuses d’alerte. Les dispositifs juridiques relatifs à l’alerte en droit français et européen se sont largement inspirés du droit américain, précisément du Whistleblower Protection Act (Loi sur la protection des lanceurs d’alerte), mise en vigueur en 1989 au niveau fédéral. Une remise en question de cet acquis aux États-Unis pourrait impacter la culture de l’alerte et de la vigilance dans le monde. 

Dans un entretien avec le Washington Post3, le lanceur d’alerte qui avait dénoncé Donald Trump s’interroge aujourd’hui sur l’impact de son acte. En tentant de s’opposer à ce qu’il voyait comme une « subversion de la démocratie », il s’est exposé à des menaces de mort et à l’isolement, mettant en péril sa sécurité et celle de sa famille. Depuis, il a vu Trump surmonter une défaite électorale, échapper à deux destitutions, et encourager l’assaut du Capitole. S’il en tire une leçon, c’est bien que Trump n’a jamais été véritablement tenu responsable. D’ailleurs, Trump promet d’écarter de son administration toute voix critique.

Œuvrer pour l’intérêt général ne devrait pas faire basculer une vie. Or, lorsque les institutions sont fragiles, c’est l’ensemble des acquis démocratiques qui vacille. La victoire de Donald Trump envoie un message délétère aux lanceurs et lanceuses d’alerte, bien au-delà des frontières américaines, dans un contexte où nos propres institutions européennes se fragilisent. 

Dans ce contexte, l’action de la Maison des Lanceurs d’Alerte (MLA) revêt une importance plus cruciale que jamais. 


  1. The New York Times, Read the Whistle-Blower Complaint, 26/09/2019 ↩︎
  2. Abdullah Hasan, Trump’s Whistleblower Attacks Are Troubling, But Not Unprecedented, ACLU, 30/09/2019 ↩︎
  3. Greg Jaffe, The CIA analyst who triggered Trump’s first impeachment asks: Was it worth it?, The Washington Post, 20/10/2024 ↩︎