Lanceurs d’alerte : « Le soutien de la société civile est essentiel pour continuer »

Plus de 400 personnes accompagnées, 30 organisations membres, un grand nombre de propositions retenues dans le cadre de la nouvelle loi sur l’alerte… Le développement de la Maison des lanceurs d’alerte, depuis sa création, a été exponentiel. Un engagement intense, mais qui nécessite des ressources solides et diversifiées. Pour pérenniser cette action, l’association lance un appel à dons.

« Dans ce moment où le monde marche sur la tête, c’est important d’avoir des lieux qui remettent les choses à l’endroit. »

Mathieu

« Le soutien de la Maison des Lanceurs d’Alerte a été crucial pour m’aider suite à mon alerte. Pouvoir échanger ensemble, se rencontrer, partager nos expériences est essentiel. Enfin, on n’est plus seul ! »

— David

Ce sont ces témoignages qui nous donnent, à la Maison des lanceurs d’alerte, la force de continuer. Ces témoignages et la conviction profonde qu’en mobilisant la société civile pour soutenir les lanceurs d’alerte, nous pourrons enfin mettre un terme aux scandales qu’ils dénoncent.

La petite équipe que nous sommes y œuvre au quotidien en conseillant les lanceurs d’alerte sur la meilleure stratégie à déployer ; en rédigeant des lettres de soutien qui, transmises au juge, peuvent aider le lanceur d’alerte à obtenir réparation pour les représailles subies ; en sensibilisant, formant et informant, encore et toujours, les citoyens et les professionnels amenés à côtoyer des lanceurs et des lanceuses d’alerte. Parce que nous sommes convaincus que c’est en changeant le regard porté sur ces vigies de l’intérêt général qu’on améliorera réellement le sort réservé aux lanceurs d’alerte.

Tous les 3 à 4 mois environ, nous réunissons une trentaine de lanceurs d’alerte, sur les quelque 400 que nous accompagnons actuellement, pour qu’ils se rencontrent, partagent leurs déboires, s’épaulent… Ces groupes d’entraide et de soutien mutuel sont très précieux pour faire face à l’isolement :

« Ça m’a permis de mieux être au fait de toutes les difficultés possibles qui m’attendent encore, de m’y préparer juridiquement et psychologiquement, d’être entendue et comprise par les autres lanceurs d’alerte qui sont passés par le même parcours. Cette mise en contact est primordiale pour faciliter les échanges d’informations et se soutenir soutenue. » explique Terna qui a participé à ces temps forts.

Elle raconte avoir été en recherche de conseils spécifiques à sa situation, en complément de ceux de son avocat, lorsqu’elle a été licenciée après un signalement adressé à sa hiérarchie.

Mathieu raconte, lui aussi, la réaction à laquelle il a été confronté quand il a dénoncé les pratiques indignes d’enfermement forcé dans des hôpitaux psychiatriques :

« Dans les mois qui ont suivi, un climat de répression féroce s’est développé dans l’établissement contre nous. La Maison des lanceurs d’alerte a étudié le dossier et a reconnu notre qualité de lanceurs d’alerte. Nous avons eu des conseils juridiques, le Défenseur des droits a été sollicité et nous avons eu aussi un soutien moral. Ce soutien est absolument essentiel. »

Et pourtant, les moyens manquent. Avec une seule juriste à temps plein, la Maison des lanceurs d’alerte peine à traiter efficacement tous les dossiers qu’elle reçoit — près d’une douzaine chaque mois, souvent avec plusieurs dizaines voire centaines de pièces. S’en suivent des analyses approfondies, des appels, des rédactions de courriers et des échanges divers avec les autorités qui sont censées traiter l’alerte. C’est considérable pour une toute petite équipe comme la nôtre.

Difficile, dans ces conditions, d’être réactifs et, davantage encore, de poursuivre le travail de plaidoyer qui avait été entamé avec la loi adoptée en février. Or nous avons plusieurs grands chantiers à venir cette année notamment l’adoption d’une directive européenne contre les poursuites-bâillons qu’il faudra, ensuite, transposer en droit français.

Le traitement des alertes est aussi un enjeu crucial. Faire cesser les abus est la première demande des lanceurs d’alerte, même lorsqu’ils subissent des représailles : ils ne veulent pas que ce soit en vain. Mais nous avons besoin de moyens pour cela : pour payer des juristes, des chargés de mobilisation…

C’est à l’aune de ce bilan que nous lançons aujourd’hui un appel à dons. Notre objectif : pérenniser les postes existants et recruter une à deux personnes en plus en 2023.

Aujourd’hui, la Maison des lanceurs d’alerte ne bénéficie d’aucune subvention publique et ne fait pas appel au mécénat d’entreprises. Elle s’appuie exclusivement sur les dons privés (93% de son budget) et les cotisations de ses organisations membres (7%). Le soutien de la société civile est donc essentiel pour poursuivre nos actions de défense des lanceurs et des lanceuses d’alerte et les aider à faire entendre leurs voix.