D’abord révélée en début d’année par Le Parisien, l’enquête publiée le 8 décembre par Le Monde, revient sur un signalement concernant des pratiques financières frauduleuses constatées par l’ex-directeur de la recherche de l’Université de Paris 8.
Saisies par ce lanceur d’alerte pour faire valoir ses droits, la Maison des Lanceurs d’Alerte et Anticor témoignent de leur soutien conjoint et appellent les autorités à faire toute la lumière sur ces faits. Il importe également que la Présidence de l’Université, tout comme les tutelles, cessent et fassent cesser toute forme de représailles.
Après avoir constaté des irrégularités financières dans certaines des conventions qui liaient les chercheurs à l’établissement, le directeur des services de la recherche avait d’abord tenté de de faire cesser les détournements présumés.
En juillet 2017, il décide d’alerter en interne la Présidence de l’Université de la prise en charge indue de certains frais à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d’euros par an. Ces détournements sont par ailleurs mis en lumière par le cabinet d’audit Mazars en 2018.
Malgré ces nombreux signalements et le soutien affiché de la Présidence, les dysfonctionnements constatés se poursuivent. Au printemps 2019, le lanceur d’alerte est suspendu et changé d’affectation de manière discrétionnaire par sa hiérarchie avant d’être visé par une procédure disciplinaire ouverte par la Présidente de l’Université pour « refus de s’inscrire dans une ligne hiérarchique ».
Or, cette décision intervient après que le lanceur d’alerte ait informé la Présidence de l’Université de son intention de porter plainte pour détournement de fonds publics.
Le cas de ce lanceur d’alerte, victime d’importantes représailles, illustre une fois de plus les lacunes de la protection des personnes qui signalent des violations de l’intérêt général. Il appelle à questionner le fonctionnement des canaux de signalement internes pour impliquer davantage les acteurs permettant de garantir un traitement impartial et indépendant des signalements, pour l’heure complètement aux mains des dirigeants.
Suite à l’instruction complète du dossier qui lui a été soumis, la Maison des Lanceurs d’Alerte accompagne ce lanceur d’alerte dans ses démarches et a rédigé une note de soutien étayée à destination des juges. Anticor a, pour sa part, saisi le juge d’instruction en mars dernier en se constituant partie civile. Au lendemain des révélations médiatiques liées à cette affaire, les deux associations réaffirment leur soutien au lanceur d’alerte.