Eric LE FLOCH

« Jamais je n’aurais imaginé de telles conséquences en voulant défendre l’intérêt général. J’aurais pu fermer les yeux, mais j’ai refusé. Le matin, quand je me lève, je peux regarder mes enfants droit dans les yeux. »

Ces mots sont ceux d’Éric Le Floch, le haut fonctionnaire à l’origine de plusieurs enquêtes judiciaires visant la mairie et l’agglomération de Menton. Ils résument à eux seuls le parcours semé d’embûches que doivent affronter les lanceurs d’alerte.

En décembre 2022, alors directeur général des services (DGS) de la ville, il alerte la justice sur des irrégularités dans un marché public lié aux déchetteries, susceptibles de carac-tériser des infractions pénales. Peu après, il découvre des détournements de fonds publics dans la gestion du port, avec des ramifications jusqu’au grand banditisme corse. Une enquête est toujours en cours, menée par la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille.

La riposte est immédiate : le 10 mars 2023, Éric Le Floch est suspendu de ses fonctions. Trois mois plus tard, lors d’un entretien tendu à la mairie, il se voit accuser à tort de faits infondés. L’épreuve est telle qu’il fait un infarctus.

Mais Éric Le Floch ne lâche pas ! La Maison des Lanceurs d’Alerte et le Défenseur des droits ont officiellement reconnu sont statut de lanceur d’alerte, confirmé à deux reprises par le tribunal administratif de Nice (en décembre 2023 et en mai 2025). Pourtant, malgré ces décisions de justice, le maire refuse toujours de le réintégrer, défiant ainsi l’application de la loi Waserman et les principes de l’état de droit.

Aujourd’hui, le maire, Yves Juhel, ainsi que son ancien adjoint aux Finances, Mathieu Messina, sont attendus devant le tribunal correctionnel le 17 octobre 2025. Ils devront répondre de plusieurs chefs d’accusation : détournement de fonds publics, blanchiment en bande organisée de fonds publics détournés, minoration volontaire de comptes de campagne électorale, corruption et trafic d’influence.

Ce parcours illustre que, même lorsque la justice donne raison à un·e lanceur·se d’alerte, l’employeur peut continuer à exercer des représailles à l’encontre de celui ou celle-ci. Éric Le Floch n’a pourtant fait que ce qu’on attend d’un agent public. L’argent détourné, s’il avait été utilisé à bon escient, aurait pu financer des services publics essentiels pour les habitant·es de Menton. C’est pourquoi, le silence n’a jamais été une option pour lui.

Eric LE FLOCH

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