Mercredi 8 juin, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) a annoncé, dans un communiqué, une nouvelle étape dans l’affaire qui entoure les machines servant au don de plasma commercialisées par la société Haemonetics.
Selon l’Agence du médicament, “les éléments transmis par Haemonetics associés à son engagement à mettre en place un protocole de surveillance spécifique pour évaluer et surveiller la qualité, les performances et la sécurité de ces dispositifs médicaux permettent désormais de garantir une utilisation sécurisée de ces dispositifs de prélèvement”.
L’ANSM a donc pris la décision de mettre fin à la décision de suspendre l’utilisation des machines qu’elle avait prise en septembre 2018, indiquant qu'”il n’existe pas à ce stade de risque avéré pour les donneurs de plasma”.
Un retrait préventif des machines en 2018, 4 ans après les premières alertes
Pour rappel, en 2018, 300 machines de prélèvement utilisées notamment dans les centres de l’Établissement Français du Sang (EFS) avaient été mises hors d’usage, à titre préventif, après la survenue de plusieurs incidents et l’observation de la présence de particules. Depuis 2014, des employés de la société alertaient des dangers de contamination des donneurs et receveurs de plasma. L’affaire avait été révélée par plusieurs médias internationaux, dont, pour la France, Bastamag, Radio France et Mediapart, sous la coordination de l’association The Signals Network.
En juillet 2020, soit près de deux ans après la décision de suspension de l’ANSM, la Maison des Lanceurs d’Alerte et The Signals Network avaient adressé au Ministre de la Santé Olivier Véran une demande d’accès à l’information pour connaître le devenir de ces machines et appelé les autorités à ouvrir une enquête pour faire la lumière sur les raisons ayant conduit les autorités à réagir de manière tardive aux alertes.
Des interrogations toujours sans réponse
Delphine Halgand-Mishra, directrice de The Signals Network, se dit “surprise” par cette décision de l’ANSM alors que de nombreuses questions soulevées par nos médias partenaires dans l’enquête des Plasma Files restent sans réponse.
“Quel est l’impact sur la santé des donneurs ? Une étude épidémiologique sur les donneurs de sang, de plasma et de plaquettes confiée a l’INSERM était attendue pour 2022 selon l’EFS. Où sont passés les 300 machines mises à l’arrêt depuis septembre 2018 ? Nous n’avons reçu aucune réponse à la demande adressée à Olivier Véran. L’enquête préliminaire lancée par le parquet de Paris suite à la plainte de lanceurs d’alerte et de donneurs est toujours en cours. Les donneurs attendent toujours de comprendre l’impact potentiel de leurs dons de plasma sur leur santé. C’est une question de santé publique et d’intérêt général.”