La Maison des Lanceurs d’Alerte s’engage aux côtés des organisations syndicales et des organisations de la société civile contre l’extrême droite et appelle à rejoindre les mobilisations partout en France.
Attachée aux valeurs de solidarité et de fraternité, la Maison des Lanceurs d’Alerte ne peut pas rester en dehors de la société et faire comme si le risque de voir l’extrême-droite franchir les portes du pouvoir était anodin. Les fondements et programmes du Rassemblement national prônent depuis toujours un repli sur soi, la haine, le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme, l’atteinte aux droits des femmes et aux personnes les plus vulnérables de notre société : personnes migrantes, LGBTQIA+, en situation de précarité… et des attaques sans précédent contre les libertés publiques.
Par son objet social, la Maison des Lanceurs d’Alerte centre son action sur le soutien aux lanceurs et lanceuses d’alerte, véritable garde-fou de la démocratie. Ce que nous défendons, c’est l’avènement d’une démocratie ouverte et pluraliste, caractérisée par la lutte contre la corruption, la transparence de la vie publique, la liberté d’expression, la déontologie et la responsabilité comme principes pour demander des comptes aux gouvernants et décideurs et réguler l’action des multinationales. Or l’extrême-droite est incompatible avec cette vision, comme le montre son action politique au niveau européen et au niveau national.
- Au niveau européen, le Rassemblement national, membre du groupe parlementaire « Europe des nations et des libertés » (ENL), a voté contre un rapport réclamant une loi européenne pour la protection des lanceurs d’alerte et a largement soutenu la directive sur le secret des affaires, une offensive sans précédent sur le droit à l’information. Il promet par la suite de remettre en cause le devoir de vigilance qui engage la responsabilité juridique des multinationales en matière de droits humains et environnementaux au nom de la simplification des normes qui pèsent sur les entreprises.
- Au niveau national, le RN trouve que la loi séparatisme, déjà attentatoire à la liberté d’association, ne va pas assez loin. Il s’est abstenu lors du vote de la loi Waserman sur la protection des lanceurs d’alerte et n’hésite pas à instrumentaliser le terme lanceur d’alerte, se présentant comme des pourfendeurs de « l’immigration et de la décroissance ». Or, un tel dévoiement du terme « lanceur d’alerte », est clairement inacceptable : la défense de l’intérêt général est un élément fondamental de l’alerte et ne saurait en aucun cas être fourvoyé à des fins racistes et xénophobes. Le RN annonce également vouloir abroger le décret relatif aux conditions d’agrément des associations de lutte contre la corruption en vue de l’exercice des droits reconnus à la partie civile et revenir sur tous les acquis des lois transparence et lutte contre la corruption au nom de l’allègement des obligations qui pèsent sur les entreprises et sur les élus.
- Concernant la liberté de la presse, le RN appelle à la fin du service public postal, à la privatisation de la plus grande part de l’audiovisuel public, une atteinte de plus à notre démocratie, alors même que la concentration des médias aux mains de quelques milliardaires sur une grande part de l’information est déjà une forte source d’inquiétude et de dérives. Enfin, avec l’adoption le 27 février 2024 de la directive européenne contre les procédures baillons visant les journalistes, ONGs et lanceurs d’alerte s’ouvre le champ à la transposition dans les deux ans dans le droit français et, avec elle, de nombreuses interrogations sur les conditions de cette transposition.
Partant de ces constats, la Maison des Lanceurs d’Alerte s’inquiète vivement des attaques à notre démocratie ainsi que d’une dégradation conséquente de la liberté d’expression et de l’indépendance de la presse.