Marine Martin remporte une victoire décisive contre Sanofi dans l’affaire Dépakine

Lundi 9 septembre, une étape cruciale a été franchie dans l’affaire Dépakine, avec la condamnation du laboratoire français Sanofi par le tribunal judiciaire de Paris. Ce dernier a reconnu un « défaut d’information » concernant les risques de malformations et de troubles neurodéveloppementaux liés à la Dépakine, un médicament antiépileptique responsable de graves préjudices chez de nombreux enfants. Les chiffres sont alarmants : l’ANSM estime qu’entre 2 150 et 4 100 enfants seraient victimes de malformations, tandis que 16 600 à 30 400 autres souffriraient de troubles neurodéveloppementaux1, tous exposés à la Dépakine pendant la grossesse de leurs mères.

Parmi ces victimes, la lanceuse d’alerte Marine Martin : en 2011, après avoir établi un lien entre les handicaps de ses deux enfants et la Dépakine qui lui avait été prescrite durant ses grossesses, elle a décidé de dénoncer ce scandale. La même année, elle fonde l’APESAC (Association d’Aide aux Parents d’Enfants souffrant du Syndrome de l’Anti-convulsivant), regroupant à ce jour plus de 8 000 victimes. Ce réseau de solidarité et d’action a permis de porter cette cause sur la scène publique et judiciaire.

Douze ans de procédures se sont ensuivis, au cours desquels Marine Martin a accumulé plusieurs victoires. En 2014, son combat a contribué à la modification des conditions de prescription de la Dépakine, et en 2016, elle a obtenu l’obligation d’apposer des pictogrammes sur les boîtes de médicaments pour avertir des risques pendant la grossesse. Outre ses actions en justice, Marine Martin a publié un ouvrage relatant son combat : Dépakine, le scandale, je ne pouvais pas me taire (2017).

Dernière de ces victoires, le 9 septembre, Sanofi a été condamné à verser à Marine Martin une indemnité de plus de 285 000 euros, en réparation des préjudices subis. Le jugement rendu confirme la responsabilité du groupe pharmaceutique dans la diffusion d’un produit qu’il savait défectueux, tout en manquant à ses obligations d’information et de vigilance.2

Ce verdict souligne une fois de plus l’importance cruciale des lanceurs et lanceuses d’alerte dans la révélation des scandales sanitaires et la défense des droits des victimes. Les procédures, souvent longues et éprouvantes, rappellent que le chemin vers la justice est semé d’embûches. La lutte des victimes de la Dépakine ne s’arrête pas là, mais cette décision marque une avancée majeure dans leur quête de justice.


  1. Christian Klinger, Le dispositif d’indemnisation pour les victimes de la Dépakine : mieux anticiper pour mieux indemniser, Sénat, 28 septembre 2022 : https://www.senat.fr/rap/r21-904/r21-904_mono.html ↩︎
  2. Stéphane Mandard, Dépakine : Sanofi condamné à indemniser la lanceuse d’alerte Marine Martin après douze ans de procédure, Le Monde, 10 septembre 2024 : https://www.lemonde.fr/sante/article/2024/09/10/depakine-sanofi-condamne-a-indemniser-la-lanceuse-d-alerte-marine-martin-apres-douze-ans-de-procedure_6310327_1651302.htm ↩︎