Plusieurs associations demandent la dissolution de la cellule Demeter, entrave aux lanceurs et lanceuses d’alerte sur les questions écologiques

Dans une lettre ouverte adressée ce vendredi 17 juillet 2020 au Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, treize associations demandent la dissolution de la cellule de renseignement Demeter, qui « constitue une injustice et une menace pour tous les défenseurs de l’environnement ».

Mise en place par Christophe Castaner, cette cellule a été instaurée pour faire face aux inquiétudes d’une partie du monde agricole. Elle s’accompagne d’une convention de partenariat signée avec la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs « renforçant la sécurisation par la gendarmerie des exploitations agricoles ».

Les associations critiquent la « rupture d’égalité entre les différents syndicats agricoles représentatifs français » et le régime particulier accordé aux agriculteurs sur la base d’un phénomène, l’ « agribashing », qui « n’a aucune base juridique ».

Elles déplorent les entraves que cette politique fait peser sur la liberté d’expression et « la critique justifiée des ravages de l’agro-industrie sur l’environnement, la biodiversité et la santé » et, en conséquence, sur les personnes amenées à formuler ces critiques.

Les associations mentionnent, à cet égard, un certain nombre de « dérapages » d’ores et déjà constatés : un entretien d’une heure de la gendarmerie avec le Président de l’association Alertes Pesticides Haute Gironde concernant l’organisation des « États généraux des riverains » autour de la question des pesticides en décembre 2019 ; la présence de la gendarmerie lors d’une réunion de préparation d’actions en vue de la « Semaine pour les alternatives aux pesticides » dans le Tarn en février 2020 ; la convocation à la gendarmerie d’un juriste, porte-parole de l’association Sources et rivières du Limousin, pour une interview où ce dernier s’opposait à la construction de serres industrielles à tomates hors-sol en juin 2020…

Les associations se disent « inquiètes face aux nombreuses dérives possibles d’une cellule de renseignement au mandat flou, reposant sur un partenariat public-privé » et affirment avoir « déposé un recours devant le tribunal administratif de Paris le 10 avril 2020 afin d’obtenir l’annulation de la convention de partenariat organisant le partage d’informations entre la gendarmerie nationale et deux syndicats agricoles, fervents défenseurs du modèle agricole conventionnel ».

 

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Crédit photo : John Lambeth

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