Sanctionner un lanceur d’alerte pour avoir témoigné devant l’Assemblée est inacceptable

Ce vendredi 4 février, le média d’investigation StreetPress a révélé que l’enquête administrative infligée à M. Amar Benmohamed, suite à son témoignage devant l’Assemblée nationale en février 2021, s’était conclue par un avertissement.

 

Cette sanction ouvre une brèche inacceptable en matière de séparation des pouvoirs et contribue à entretenir la culture du silence qui règne au sein de la police. La Maison des Lanceurs d’Alerte dénonce cette tentative de « faire un exemple » en réduisant au silence un lanceur d’alerte qui a dénoncé des faits d’une importance majeure pour mettre un terme à des pratiques contraires aux droits humains. Elle appelle à faire respecter le droit d’alerte, dans l’administration policière comme ailleurs, et réaffirme son soutien à M. Amar Benmohamed qu’elle aidera dans toute démarche visant à contester cette sanction.

Le témoignage ciblé – effectué à huis clos pour préserver les éléments confidentiels de l’affaire – a été apporté sur invitation de la Maison des Lanceurs d’Alerte en vue d’éclairer les deux députés en charge d’évaluer la loi Sapin 2 sur les lacunes de cette législation. Le cas de M. Amar Benmohamed est en effet emblématique du manque d’effectivité de cette loi : alors qu’il a suivi correctement toutes les étapes et toutes les procédures prévues par la loi, ce brigadier-chef à l’origine du signalement de faits de racisme et de maltraitance dans les cellules du dépôt du tribunal de Paris, a fait l’objet de multiples pressions et d’un premier avertissement en janvier 2021. En sus de l’avertissement pour son témoignage à l’Assemblée nationale, M. Benmohamed s’est également vu notifié l’ouverture d’une nouvelle enquête administrative au regard, selon StreetPress, de ses interventions « répétées » dans la presse.

Alors qu’une loi améliorant la protection des lanceurs d’alerte est en passe d’être votée, la préfecture de police de Paris se démarque donc par le traitement inacceptable qu’elle inflige à ceux qui prennent la parole pour faire cesser des agissements particulièrement graves.

Ces représailles, qui s’assimilent à un véritable harcèlement de la part de sa hiérarchie, sont intolérables. Les efforts de l’administration policière doivent se concentrer sur les faits que M. Benmohamed a dénoncés et ne pas encourager le sentiment d’impunité qui entoure encore trop souvent les comportements racistes et maltraitants lorsqu’ils sont commis par des agents des forces de l’ordre.

 

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Crédits photo : Thierry Borredon / Anticor. Amar Benmohamed aux côtés de Laurent Dublet, administrateur d’Anticor lors de la remise du prix éthique décerné par l’association le 22 janvier 2022.