Un prix récompense les enquêtes menées grâce à des lanceurs d’alerte

Leur contribution au débat public est souvent invisibilisée. Pourtant, les lanceurs d’alerte sont le chaînon indispensable de nombreuses enquêtes journalistiques d’intérêt général. Les LuxLeaks, le Mediator, l’affaire Clearstream, l’amiante… Si ces grands scandales ont eu un écho médiatique retentissant, c’est avant tout grâce à l’engagement sans faille de lanceurs et lanceuses d’alerte qui ont transmis des preuves, aidé à comprendre le contexte, éclairé, par leur expertise, les aspects techniques souvent complexes d’une affaire.

Pour donner à voir cet apport démocratique essentiel des lanceurs et lanceuses d’alerte, la Maison des Lanceurs d’Alerte lance un prix pour récompenser les enquêtes journalistiques menées grâce aux informations transmises par ces derniers.

Ce prix L’alerte à la une, dont la première édition démarre ce mardi 28 mars 2023 à l’occasion des Assises du journalisme qui se tiennent à Tours, associe syndicats de journalistes et ONG mobilisées pour la défense d’un journalisme d’investigation libre et indépendant. L’ICIJ, le Fonds pour une presse libre et The Signals Network sont en effet membres du comité de sélection, aux côtés du SNJ, de la CFDT Journalistes, du SNJ-CGT et de la Fédération internationale des journalistes (FIJ).

Il s’adresse aux journalistes indépendants, aux médias et aux collectifs de journalistes quel que soient le format et l’échelle de publication (locale, nationale ou internationale) de leur enquête. Seule condition : avoir un lien avec la France.

Parrain de cette première édition, Antoine Deltour, le lanceur d’alerte des LuxLeaks, souligne le fait que “l’image du lanceur d’alerte a été popularisée par certaines figures comme Edward Snowden ou Irène Frachon. Mais le grand public ne soupçonne pas une réalité moins visible de l’alerte : la Maison des Lanceurs d’Alerte traite au quotidien de nombreux dossiers d’une grande diversité.”

À ses côtés, Maureen Kearney, lanceuse d’alerte d’Areva dont Isabelle Huppert reprend les traits dans le film La Syndicaliste, actuellement à l’affiche. Pour elle, “souvent, le lanceur d’alerte ne se rend pas compte du danger qu’il court. Il est motivé par l’injustice de la situation, et par ses valeurs. Le tandem lanceur d’alerte / journaliste est souvent mis sous une immense pression dans le but de les faire taire.”

Pour témoigner de cette réalité, ils seront présents en novembre à Paris à la soirée de remise du prix. “Ce sera un temps fort important pour montrer l’importance du journalisme d’investigation et les liens ténus qui unissent lanceurs d’alerte et journalistes. On espère une grande participation, des journalistes bien sûr, mais aussi du grand public car l’événement sera ouvert à toutes et tous.” explique Blandine Sillard, responsable du développement et de la communication de la Maison des Lanceurs d’Alerte.

En attendant, un appel à candidatures a été publié pour permettre aux journalistes qui travaillent avec des lanceurs d’alerte, ou aux médias qui les publient, de manifester leur intérêt. Il est ouvert jusqu’au 11 juin 2023 à minuit.