Le tribunal judiciaire d’Avignon a prononcée le 11 août 2020 la relaxe de Caroline Henrion, poursuivie en diffamation par le Dr Ami suite à la publication d’un communiqué interrogeant le caractère scientifique du SIM37 sur le site de l’IRASF. Pour l’avocat de Caroline Henrion, Me Boudot, « les propos et la stratégie d’audience du Docteur Ami étaient décalés par rapport aux réalités objectives du dossier. […] Il propose une méthode qui, au regard de l’absence totale d’élément probant, ne peut être considérée que comme une véritable imposture, tout en essayant de terroriser ceux qui souhaitent dénoncer ce procédé. »
Le SIM37 est un logiciel de simulation d’accouchement développé par le Dr Olivier Ami et la société BabyProgress afin de « prédire, pour les couples qui le désirent (…) les chances d’accouchement par voie basse » et le risque de césarienne.
L’enquête menée durant deux ans par l’IRASF n’a pas permis d’obtenir les études et protocoles scientifiques sur lesquels s’appuie cette méthode, ni d’en démontrer les fondements avancés par le Dr Ami. Elle a, en revanche, permis d’établir le coût de cet examen : 900 €, un coût jugé « excessif au regard d’un bénéfice non démontré » par le CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens français). Pour le CNGOF, il n’existe par ailleurs, « à ce jour, aucune méthode permettant de prédire les chances d’accoucher par voie basse ». Le taux de césarienne est en outre particulièrement élevé dans la clinique où pratique le Dr Ami alors même que les recommandations des autorités sanitaires appellent à limiter cette pratique.
Attaquée en sa qualité de directrice de la publication pour le compte de l’IRASF, Caroline Henrion se félicite de cette décision et estime qu’elle en a “bavé”, subissant “le harcèlement, la peur, les ragots, les jugements”.
C’est TER-MI-NÉ.
Après plus d’un an de procédure, de reports d’audience, l’attente du verdict et de la fin du délai d’appel, je peux le dire. C’est terminé.C’est terminé et j’ai été RELAXÉE !#SIM37
— Caroline H (@Satycs) August 27, 2020
Au delà d’une victoire judiciaire, les membres actifs de l’IRASF se réjouissent de cette décision qui « permettra aux femmes et aux personnes, d’accéder à des soins de haute qualité basés sur des preuves scientifiques. La lutte contre les violences obstétricales et gynécologiques, commencent par un accès à des informations fiables pour établir une relation de confiance entre la patiente et le soignant.e et accéder ainsi, à une prise en charge médicale de qualité » se félicite Basma Boubakri, co-fondatrice de l’association et autrice principale de l’article et de l’enquête sur le SIM37. Cette décision souligne la qualité du travail mené par cette dernière. L’IRASF tient également à souligner que cette victoire n’aurait pas été possible sans le soutien du Collège national des gynécologues obstétriciens français (CNGOF) qui a publié, à son tour, un communiqué de presse quelques jours plus tard.
Ce procès rappelle enfin les apories de la loi Sapin II qui réserve la protection garantie aux lanceurs d’alerte aux personnes physiques et en exclut les associations, laissant ainsi peser sur leurs représentants la charge des risques juridiques liés à l’alerte.
Crédit photo : Christian Bowen