Muté pour avoir voulu protéger des salariées du Covid19 : 3 questions à Anthony Smith

Mercredi 28 septembre, le tribunal administratif de Nancy devrait se prononcer sur une affaire qui dure depuis 2 ans déjà : celle des sanctions subies par Anthony Smith, inspecteur du travail, pour avoir demandé des mesures de protection pour des salariées d’une association d’aide à domicile de Reims. À cette occasion, il revient sur son alerte.

Dans quel contexte avez-vous lancé l’alerte et pour quelle raison ? 

Anthony Smith : Au cœur de la 1ère vague de Covid en avril 2020, j’ai, dans le cadre de mes missions d’inspecteur du travail, conduit un contrôle pour que des mesures de protection de la santé – dont la mise à disposition de masques – soient prises pour des salariées d’une association d’aide à domicile de Reims, dans la Marne où j’exerçais. 

J’ai subi des pressions nombreuses (politiques, patronales, hiérarchiques) pour m’empêcher de mener ce contrôle à son terme. 

Face à ces pressions j’ai décidé d’alerter, par mail et courrier circonstanciés les 13 et 14 avril 2020, le Directeur Général du Travail, représentant de la plus haute autorité de l’Inspection du travail en France. 

Quelle a été la réaction de votre hiérarchie ?  

AS : Au lieu de garantir mon indépendance, prévue par l’article 6 de la Convention n°81 de l’Organisation Internationale du Travail sur l’Inspection du travail, j’ai été, le lendemain de mon alerte, suspendu de mes fonctions, juste après avoir saisi un juge indépendant dans le cadre du contrôle que je menais. Puis, j’ai été muté dans un “placard” en région parisienne à plusieurs dizaines de kilomètres de mon domicile. Une situation intenable…

Quels sont les enjeux du procès du 28 septembre ? 

AS : J’ai déjà obtenu un premier recul du gouvernement : en septembre 2020, grâce à la mobilisation et la solidarité massive qu’a entrainé cette affaire, je suis réintégré dans ma région, sur le terrain, à l’inspection du travail mais dans la Meuse.

Le 28 septembre, je viens demander au juge administratif d’annuler la sanction disciplinaire de mutation d’office que je subis depuis 2 ans alors que je n’ai fait que mon travail et que j’ai agi dans le souci de protéger les salariés dans un contexte de crise sanitaire qui a impacté tout le pays et même au-delà !

Signez la pétition de soutien

 

Crédits photos : Fred Burlot / Isaac Quesada