Racisme et maltraitances dans la police : plusieurs personnalités apportent leur soutien au lanceur d’alerte Amar Benmohamed

Le 24 janvier 2022, le lanceur d’alerte Amar Benmohamed, brigadier-chef qui avait révélé des faits de racisme et de maltraitance dans la police, s’est vu infliger un avertissement pour avoir témoigné de son vécu devant l’Assemblée nationale en février 2021. Plusieurs personnalités du monde associatif et syndical mais aussi des élus, des avocats ou encore des universitaires lui apportent aujourd’hui leur soutien à travers une pétition lancée par la Maison des Lanceurs d’Alerte, la Ligue des droits de l’Homme et l’ACAT-France.

 

La pétition demande au préfet de Police de Paris, Didier Lallement, le retrait de la sanction infligée au brigadier-chef. En février 2022, la Maison des Lanceurs d’Alerte avait en effet dénoncé une décision qui « ouvre une brèche inacceptable en matière de séparation des pouvoirs et contribue à entretenir la culture du silence qui règne au sein de la police ». Elle appelle, aux côtés de la LDH et de l’ACAT à « faire cesser sans délai le harcèlement » subi par Amar Benmohamed.

En juillet 2020, ce brigadier-chef affecté au dépôt du tribunal de Paris avait révélé via le média StreetPress, des centaines de cas de maltraitances à caractère raciste commis régulièrement par des agents de police dans les cellules du dépôt. Ses multiples signalements internes, tout comme l’enquête de l’IGPN, étaient restées sans suite. S’en est suivi un véritable parcours du combattant emblématique du vécu des lanceurs d’alerte en France : pressions, harcèlement, brimades et un premier avertissement, immédiatement après la médiatisation de l’affaire.

Sa participation, en février 2021, à une audition organisée par les députés Raphaël Gauvain (LReM) et Olivier Marleix (LR), pour témoigner de son vécu de lanceur d’alerte dans le cadre de l’évaluation de la loi Sapin 2, a valu à Amar Benmohamed, une nouvelle sanction. Il s’est parallèlement vu signifier l’ouverture d’une troisième enquête administrative pour ses interventions « répétées » dans la presse.

Alors qu’une loi améliorant la protection des lanceurs d’alerte vient d’être votée, la préfecture de Police de Paris se démarque par le traitement inacceptable qu’elle inflige à ceux qui prennent la parole pour faire cesser des agissements particulièrement graves. Le droit d’alerte doit être respecté, dans l’administration policière comme ailleurs !

Glen Millot, délégué général de la Maison des Lanceurs d’Alerte

 

Parmi les personnalités mobilisées pour faire cesser ce harcèlement : des parlementaires tels que Ugo Bernalicis, Elsa Faucillon, Mathilde Panot ou encore Guillaume Gontard ; le sociologue Geoffroy de Lagasnerie ; le réalisateur et écrivain David Dufresne, auteur du documentaire Un pays qui se tient sage, nommé dans la catégorie du meilleur documentaire aux Césars 2021 ; mais aussi le lanceur d’alerte Antoine Deltour, qui a révélé, en 2016 à travers les LuxLeaks, le système d’optimisation fiscale massive d’entreprises françaises au Luxembourg ou Anthony Smith, inspecteur du travail sanctionné pour avoir alerté sur l’absence de masques de protection dans une association d’aide à domicile pendant la pandémie de Covid-19. On trouve aussi les journalistes Mathieu Molard, rédacteur en chef de StreetPress. ou encore Laurent Mauduit, journaliste et cofondateur de Mediapart, ainsi que des représentants de syndicats dont le syndicat de police CGT intérieur, Sud Intérieur ou la branche Intérieur du Snuitam-FSU.

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